Le casse-tête de la pénurie de main-d’oeuvre

La pénurie de main-d’œuvre qui sévit au Québec frappe de plein fouet les PME, où 110 000 postes sont à pourvoir. Celles-ci doivent redoubler d’efforts pour pallier le manque de personnel.

La vie n’est pas rose pour les entrepreneurs en ce moment. « C’est très difficile », constate la vice-présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Martine Hébert. « Faute de travailleurs, des manufacturiers refusent des contrats, des restaurateurs sont contraints de fermer quelques jours par semaine, et des hôtels fonctionnent à 50 % de leur capacité. »

Les métiers techniques et manuels sont particulièrement recherchés. « Plus d’un emploi sur deux vise du personnel de production, des vendeurs ou des manœuvres », précise Martine Hébert.

TROIS SOLUTIONS

Pour faire face à ce grand défi, la Banque de développement du Canada (BDC) propose trois stratégies. « Il faut d’abord se faire connaître comme employeur, explique l’économiste en chef et vice-président, recherche, Pierre Cléroux. Étant donné que toutes les entreprises se battent pour recruter, il faut se vendre, offrir des conditions de travail plus flexibles et être présent sur les réseaux sociaux pour rehausser son image. »

La deuxième solution de la BDC consiste à miser sur les travailleurs qui ont plus de difficulté à se placer. « C’est le cas des très jeunes, de ceux qui sont près de la retraite et des immigrants », illustre Pierre Cléroux. La société de la Couronne suggère comme troisième front d’investir en technologie, comme l’automatisation, pour réduire le besoin de travailleurs.

Les solutions de la FCEI sont similaires. Martine Hébert souligne toutefois que l’immigration doit être mieux arrimée avec les besoins.

« Il y a un mauvais casting en ce moment, les nouveaux arrivants sont surqualifiés par rapport aux postes disponibles. On doit aussi valoriser davantage la formation professionnelle et technique, qui offre d’excellents emplois. »

— Martine Hébert, vice-présidente de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

UNE SOLUTION NOVATRICE

Difficile de dénicher des travailleurs talentueux quand on n’a que des emplois saisonniers à offrir. C’est encore plus vrai en temps de pénurie. Pour faire face à ce problème, deux entreprises de Montréal ont trouvé une solution créative : le prêt d’employés.

L’idée a été lancée par PME MTL Est-de-l’Île. L’organisme a convaincu Studio Artefact et USD Global de s’allier pour répondre au besoin de main-d’œuvre pendant les mois de production et éviter les mises à pied dans les temps morts. « C’est un match parfait », se réjouit la coordonnatrice des ressources humaines de Studio Artefact, Micheline St-Jean.

L’entreprise, qui fabrique des décors de Noël, doit recruter plus de 200 personnes de juin à novembre. Au printemps, c’est au tour de l’expert en solutions de collecte de matières résiduelles USD Global de s’activer.

« USD Global a besoin de manutentionnaires dans une période contraire à la nôtre. On les a rencontrés pour s’entendre sur les conditions à offrir et le salaire, mais aussi pour se familiariser avec l’entreprise », explique Mme St-Jean, qui a été soulagée de constater que les deux partenaires partageaient les mêmes valeurs.

Pour la première tentative, cinq perles de Studio Artefact ont fait le saut chez USD Global. Du lot, deux sont revenues dans le giron de Micheline St-Jean. « Ça reste malgré tout un succès. On continue à peaufiner la méthode, et les employés, qui peuvent avoir un emploi toute l’année, ont adoré ça. Mon but maintenant, c’est de trouver d’autres entreprises complémentaires. »

La Presse+  Émilie Laperrière

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