Reprendre l’entreprise de ses parents, un défi possible à relever

A la Maison régionale de l’industrie nous observons, depuis quelques années de belles histoires de transferts d’entreprises, de repreneuriat…parfois une relève familiale et parfois une relève assurée par quelqu’un à l’interne.  L’important est certainement d’assurer un transfert harmonieux.  Nous vous avions présenté un transfert RÉUSSI avec Laserpro il y a quelques semaines mais cette fois voici une entreprise non membre mais desservant nos industriels de la région et d’ailleurs. Une belle histoire offerte par la Banque Nationale .

Voici donc quelques conseils et la belle histoire inspirante de Benjel Chimistes Conseil....qui nous osons l’espérer sera profitable pour nos industriels.

Affaires et émotions sont intimement liées dans les transferts d’entreprises familiales. La planification et la communication sont les clés pour assurer la réussite de la transition et surmonter les défis.

Benjamin Salm, 33 ans, a repris Benjel Chimistes Conseil,  l’entreprise de son père spécialisée dans la mesure de la qualité de l’air intérieur des industries et des résidences, à Saint-Hubert, il y a neuf ans. Il avait seulement 24 ans. Son jeune âge n’a pas été son seul défi.

Tandis que son père était chimiste et travaillait seul, Benjamin a étudié en administration des affaires. « Mon père pouvait tout faire seul. Moi, j’avais d’emblée besoin d’embaucher deux personnes pour le remplacer puisque je n’avais pas de compétences en chimie et je ne pouvais pas demander à un salarié de travailler autant d’heures que mon père. Financièrement, ce modèle ne marchait pas avec celui de l’activité de mon père », se souvient le jeune homme.

Il a alors élaboré un plan : afin d’éviter les frais de laboratoires puisque toutes les analyses étaient réalisées par un laboratoire extérieur, il en a fondé un en interne, ce qui lui a fait économiser et a rendu possible l’embauche des deux chimistes. Aujourd’hui, Benjel Chimistes Conseil compte environ 13 employés et son chiffre d’affaires a été multiplié par 10.

En tout, le transfert, soutenu par une bonne planification et l’expertise nécessaire, aura pris deux ans. Le père, qui avait 63 ans au début du processus, avait hâte de partir à la retraite et de céder les rênes à son fils.  Benjamin était, lui, prêt à prendre la relève. Un bon timing. Pendant ces deux ans, le père a formé ses remplaçants pendant que le fils assurait la transition. Depuis son départ de l’entreprise, le fondateur y a peu remis les pieds. « Je lui laisse savourer sa retraite », lance dans un sourire Benjamin.

La planification du transfert a fortement contribué à son succès. C’est le premier conseil des experts : « Il faut s’assurer que tout se fasse dans le cadre d’un plan de relève bien pensé et étalé sur cinq à huit ans », martèle Eric Dufour, leader national pour la relève entrepreneuriale pour Raymond Chabot Grant Thornton. Car les défis sont nombreux et l’émotivité entourant les transferts familiaux est forte. D’ailleurs, ce plan de relève qui comprend 6 étapes ne s’accomplit pas seul. Il faut savoir faire appel aux bons spécialistes qui permettront au repreneur d’assurer une transition financière en douceur : expert en transfert d’entreprise, conseiller financier, professionnels en ressources humaines et en gestion, comptable, fiscaliste, etc.

Premier défi : la communication

« Il est impératif de très rapidement mettre au clair les attentes et rôles de chacun et, ce, d’autant plus s’il n’y a pas qu’un seul enfant dans la famille du cédant. Les transferts de direction et de propriété doivent être discutés et clairement définis », affirme Vincent Lecorne, le PDG du Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ). La constitution d’un conseil de famille est conseillée, car il instaure un lieu et un cadre d’échanges sur ces questions qui, sinon, ne manqueraient pas d’envahir les repas familiaux du dimanche…  « La meilleure façon d’aborder ces questions épineuses, car chargées d’émotion, est de le faire habilement, mais en mettant tout sur la table. Des tierces personnes (médiateur, avocat, etc.) peuvent aider à gérer ces débats », poursuit Vincent Lecorne.

Deuxième défi : le profil du repreneur

Être le fils ou la fille d’un entrepreneur ne signifie pas qu’il ou elle est fait(e) pour l’être aussi. « Il faut s’assurer que la reprise corresponde à un objectif personnel. On présente beaucoup l’entreprise comme quelque chose de séduisant aujourd’hui, mais il faut aussi en connaître les défis », rappelle Eric Dufour. Gérer une entreprise, « ça demande des compétences », ajoute Vincent Lecorne. Pour s’assurer que les releveurs pressentis sont de bonnes recrues, « il est recommandé de passer des tests psychométriques pour voir s’ils ont un profil d’entrepreneur ou de gestionnaire ou les deux », recommande Eric Dufour.

Troisième défi : bien s’entourer

Ensuite, il faudra que le repreneur s’entoure. « Il faut savoir reconnaître qu’on n’est pas bon en tout et savoir s’entourer de gens aux expertises complémentaires », conseille Vincent Lecorne. « Je suis très préoccupé par le taux d’anxiété anormalement élevé chez les jeunes repreneurs, confie pour sa part Eric Dufour. Je leur recommande fortement d’intégrer une ressource-clé extérieure à la famille. Ça crée un équilibre, ça permet de soutenir le repreneur et donc d’apaiser l’angoisse tout en ayant un avantage fiscal au niveau canadien puisqu’il existe une exonération du gain en capital lorsqu’un entrepreneur vend des actions de son entreprise à une personne extérieure, ce qui n’est pas le cas quand il s’agit de sa famille. »

Quatrième défi : différences générationnelles

Équilibre travail-famille, nouvelles technologies, modes de gestion en équipe… Selon *une étude sur le repreneuriat du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, « la génération de la relève et la génération dirigeante n’ont souvent pas la même approche dans la conduite de leurs affaires ni les mêmes perspectives d’avenir pour l’entreprise. Il est bien évident que ces dimensions peuvent paraître inconciliables. » Cette divergence de vues génère des tensions. Surtout lorsque le cédant a du mal à lâcher prise et à quitter son poste alors que les releveurs fougueux sont impatients de prendre l’entier contrôle. Pour gérer cette situation, chacun doit y mettre du sien. « Les repreneurs doivent suivre le rythme de l’entreprise et ne pas vouloir aller trop vite, estime Vincent Lecorne. Quant au cédant, il doit planifier sa sortie. Ces entrepreneurs expérimentés peuvent beaucoup apporter en accompagnant la relève comme mentors par exemple. » Une façon sûre de contribuer à réduire le stress des jeunes repreneurs.

Des conseils clés

Vincent Lecorne : « L’important, c’est le passage à l’action. »

« Il ne faut pas que les entrepreneurs repoussent la préparation de leur relève et finissent par la faire en catastrophe à la suite d’une maladie, par exemple. »

Eric Dufour : « Les jeunes, soyez offensifs! »

« Le cédant est un étalon noir qu’il faut attraper au lasso! Les enfants veulent plaire à leur parent, mais ils ne doivent pas tout accepter et surtout, ils doivent imposer qu’un plan de relève clair soit établi. »

Benjamin Salm : « Avoir un plan de transition bâti et le suivre! »

« Dans le cas d’un transfert d’entreprise et de croissance simultanée, il y a des risques de dérapage sur la qualité, sur les valeurs. Recrutement et formation des employés clés, transmission des valeurs fondamentales de l’entreprise sont des étapes essentielles à prévoir pour une transition réussie. »

Merci à la Banque Nationale pour ce beau résumé d’un transfert réussi!

*téléchargez l’étude sur le repreneuriat ICI 

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