Codet maintient son équilibre à travers vents et marées

5 décembre 2015, La Tribune

MARYSE CARBONNEAU mcarbonneau@latribune.qc.ca

Codet maintient son équilibre à travers vents et marées

COATICOOK — L’industrie du textile qui a contribué à l’essor économique de Coaticook au 19e siècle commence à péricliter autour des années1950. Pourtant, c’est à cette époque que Charles-Émile Audet décide de lancer sa propre ligne de vêtements de travail et d’extérieur sous le nom de Gros Bill en l’honneur de son joueur de hockey préféré, Jean Béliveau.

Fondée en 1946 par Charles-Émile Audet, l’entreprise Codet inc. est aujourd’hui gérée par ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. Sur la photo, Jessika Audet, coordonnatrice du marketing, et Jobin Audet, directeur des opérations, font partie de la quatrième génération à prendre la relève de l’entreprise familiale.Près de 70 ans plus tard, Codet inc. détient le 34e rang des 300 plus grands employeurs de l’Estrie avec ses 300 employés répartis à Coaticook, Magog et Richmond, auxquels s’ajoute une centaine d’employés en sol américain au Vermont et dans le New Hampshire. Les familles Audet sont donc réparties des deux côtés de la frontière. Au Québec, la production est gérée par Jobin Audet, lequel oeuvre au sein de l’entreprise depuis qu’il a 16 ans. Sa cousine, Jessika Audet, est responsable du marketing au Québec comme aux États-Unis. Ces derniers font partie de la quatrième génération à prendre la relève de l’entreprise familiale.

Vêtements de travail, ignifuges, haute visibilité et d’extérieur, ainsi que chaussures de sécurité, Codet inc. mise sur une grande variété de produits respectant les plus hautes normes de sécurité, et ce, confectionnés exclusivement à partir de matériaux de qualité supérieure.

« De 2000 à 2010 on a fait un peu comme tout le monde et nous nous sommes tournés vers l’importation, mais ça s’est avéré un flop total. C’est à partir de ce moment que nous avons décidé de rapatrier toute notre production et d’agrandir nos usines. De nos jours, les gens misent de plus en plus sur le Made in USA et Made in

Canada. Pour la fierté d’acheter des produits faits ici et pour la qualité. » De fait, 80 % des produits Big Bill sont fabriqués au Québec et 15 % aux États-Unis, le 5 % résiduel provenant du Mexique et du Vietnam, notamment pour les chaussures de sécurité.

Comme partout ailleurs, l’embauche et la rétention de la main d’oeuvre demeurent un défi de tous les jours. « Personne ne sort de l’école en se disant qu’elle veut faire le métier de couturière. Il nous faut donc former les gens en sachant qu’ils nous quitteront peut-être au bout de trois mois. Ça coûte extrêmement cher. » Avec un roulement d’une centaine d’employés par année, les gestionnaires ont tenté de renverser la vapeur en implantant un diplôme d’études professionnelles (DEP) en collaboration avec le Centre de formation professionnelle de Coaticook-CRIFA. L’expérience aura duré deux ans. « Nous avions fait d’importants investissements afin d’acheter des machines et fournir du personnel à temps plein, mais les budgets ont été coupés dès la troisième année », explique Jobin. Malgré tout, l’entreprise peut s’enorgueillir de compter de nombreux employés de longue date, et ce, jusqu’à 60 ans de carrière avec Codet.

La fluctuation du dollar canadien représente elle aussi un enjeu de taille pour Codet, notamment si l’on considère que 97 % des intrants proviennent des États-Unis, alors que 70 % des extrants sont destinés au marché canadien. Conséquemment, cette année la baisse du dollar a engendré une hausse des coûts de matière première d’environ 35 %, alors qu’elle représente au minimum de 50 à 60 % du coût du produit. « Nous avons dû procéder à trois augmentations de prix, de petites augmentations, mais les clients comprennent que nous n’avons pas le choix », confie Jobin Audet.

À travers vents et marées, l’entreprise réussit à maintenir son équilibre en misant sur la diversification de ses produits, la créativité et l’innovation. On doit d’ailleurs à la famille Audet l’invention de la « flashtrap », des ouvertures spécialement conçues pour les vêtements ignifuges, lesquelles permettent de ventiler le vêtement tout en protégeant la peau en cas de déflagration. La « flashtrap » est présentement en attente d’un brevet.

On demeure aussi à l’affût, tant du côté canadien qu’américain, des changements apportés aux normes de sécurité, un des fers de lance de l’entreprise. « Étant donné que nous faisons tout nous-mêmes, ça nous permet d’être très flexibles et de bouger avec le marché », commente Jessika.

Après avoir lancé leur ligne de vêtements « ripstop », un tissu plus résistant et plus léger, ainsi que leur nouvelle collection chasse et pêche en janvier dernier, Codet inc. se prépare à développer de nouvelles niches, dont les vêtements extensibles et les vêtements destinés aux forces armées. Pour le futur, la famille Audet entend continuer à développer le marché américain, lequel représente un potentiel énorme. « Cela fait seulement 30 ans que nous sommes établis aux États-Unis. Il faut être patient. Ça prend du temps pour implanter une marque », conclut Jessika.

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