Intelligence artificielle: la vague déferlante arrive

Depuis la grande révolution industrielle de la fin des années 1800, le monde a connu quelques sauts dans l’évolution. Il suffit de penser à l’arrivée d’Internet dans les années 90 et celles des réseaux sociaux dans le tournant du XXIe siècle.

Au Canada, l’intelligence artificielle pourrait générer 636,1 milliards $ d’ici 2035, augmentant le taux de croissance annuel brut de 2,1 à 3,5 %. L’augmentation de la productivité du travail engendrée pourrait réduire à 13 ans le temps pour que le Canada double la taille de son économie, si elle maintient le cap d’ici 2035, indique une récente étude du groupe Accenture.

Le virage informatique était le prélude à la vraie révolution des prochaines années : la mise en application de plus en plus grande de l’intelligence artificielle. «Nous sommes au début de la vague, et ce sera une très grosse vague», affirme Madeleine Chenette, directrice générale du bureau d’Accenture Montréal, une entreprise d’envergure internationale versée dans la technologie, les conseils, la recherche et l’impartition.

La vague touchera tout le monde, les entreprises, les industries, le commerce de détail sous toutes ses formes, les institutions d’enseignement, même l’institution politique et la gouvernance. Il faudra rapidement apprendre à surfer sur cette immense vague et les énormes changements dans la société.

Si la première révolution industrielle avait remplacé le travail humain avec la mécanisation des opérations sur les chaînes de montage, la révolution de l’intelligence artificielle, pourrait-on illustrer, remplacera les bras des humains dans une foule de domaines pour qu’ils se servent davantage de leur intelligence dans des domaines plus complexes.

L’automatisation et l’analyse multifacettes de l’intelligence artificielle s’appliqueront d’abord dans les secteurs où elle pourra créer le plus de valeur, affirme Mme Chenette en se basant sur la récente analyse produite par les spécialistes d’Accenture dans ses centres de recherches internationaux.

Certains secteurs de l’industrie sont en avance dans l’utilisation de l’intelligence artificielle, notamment dans le secteur minier, avec les véhicules autonomes et les équipements connectés, ajoute Mme Chenette. Pourtant, l’idée du véhicule autonome dans le marché des consommateurs commence à peine à poindre à l’horizon. «Il y a une grande évolution dans le marché. C’est assez fascinant de voir l’évolution et les capacités d’innover.»

Le bon profil

Pour les consommateurs, l’intelligence artificielle est déjà en train de changer leur vie. MmeChenette donne l’exemple des sites de rencontres, de ceux pour la musique ou les films, même les voyages, les outils d’analyse croisent et analysent des montagnes de données pour que l’offre corresponde au profil de l’utilisateur. C’est l’un des aspects les plus courants de l’analyse multifacettes par les ordinateurs du monde de l’intelligence artificielle : comprendre le profil de l’usager et faire les correspondances les plus pertinentes avec la combinaison des données analysées.

Madeleine Chenette, directrice générale du bureau d’Accenture Montréal

Dans les centres d’appels, les outils d’analyse automatisés sont capables d’identifier les émotions. «C’est ce que le cerveau humain fait pour reconnaître la frustration d’un enfant avec le ton de la voix, le choix des mots, le débit la manière de répondre. Alors le cerveau envoie le signal : l’enfant est frustré.»

L’intelligence artificielle analyse toutes les données pour donner une indication précise de ce qui est en train de se produire. Dans le centre d’appel automatisé, l’intelligence artificielle peut déterminer dans quel état émotif se trouve le client. «Ce faisant, souligne Mme Chenette, le système détermine le type de réponse à donner par le préposé. Je le rappelle, nous sommes au début de la vague, mais nous sommes rendus là : anticiper la réponse en plus de l’analyse du profil avec une combinaison de nouvelles technologies.»

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Un code d’éthique à développer

L’intelligence artificielle influence non seulement les modèles d’affaires actuels, mais ceux à venir, que ce soit dans le monde des achats ou dans l’agriculture où les analyses à partir de photos des drones permettent de savoir si la culture commence à manquer d’eau ou s’il y a un début d’infestation, s’il faut fertiliser à tel ou tel endroit.

La quantité d’applications que les personnes auront dans leur vie sera de diverses natures pour analyser plusieurs facettes «avec bonheur», continue-t-elle, «car si certains citoyens peuvent craindre l’évolution technologique, il y a beaucoup plus d’aspects positifs que d’éléments négatifs».

Vie privée et sécurité

Mais il faut penser aux aspects de la sécurité des données personnelles, au respect de la vie privée, aux notions d’éthiques et la responsabilité inhérente à l’utilisation des technologies. «Il faut aller de l’avant, assure Mme Chenette, mais les institutions, les gouvernements, les entreprises les grandes organisations doivent établir les paramètres d’un code d’éthique. Tous ces gens sont déjà en réflexion sur les questions de sécurité et de responsabilité, sur la gouvernance et l’imputabilité dans le système. Tout cela doit se faire avec une grande transparence.»

D’ailleurs, parmi les grandes organisations, Intel, le plus grand producteur de processeurs au monde, a mis sur pied depuis des années des comités d’éthique. Ces comités jettent un oeil et influencent le développement des produits en tenant compte des possibilités de l’intelligence artificielle, de la multiplication des objets connectés et de la prolifération des appareils autonomes comme les véhicules et autres robots.

LE SOLEIL- YVES THERRIEN 

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