Revue de presse– La Tribune- journaliste Claude Plante
C’est l’un des constats qui a été formulé à la suite de l’arrêt à Sherbrooke d’une tournée des régions québécoises tenue par l’organisme Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). Mercredi, une rencontre avec une dizaine d’entreprises de l’Estrie a permis d’identifier les défis à relever pour revenir à une croissance économique, alors que la COVID-19 a bouleversé les modèles d’affaires du secteur et les besoins des entreprises.
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«L’Estrie est la troisième région que nous visitons et je suis rendue habituée de l’entendre. Les employeurs ont de la difficulté à recruter du personnel», déplore Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
«La pénurie de main-d’œuvre demeure un défi important pour les manufacturiers de l’Estrie. Malgré l’augmentation du taux de chômage en raison du ralentissement économique, les besoins du secteur manufacturier dans la région persistent. Les délais dans le traitement des demandes d’immigration des travailleurs étrangers sont encore plus longs qu’à l’habitude, ce qui représente un véritable enjeu pour les entreprises.»
On a un grand besoin de pourvoir des postes spécialisés, comme des soudeurs.
Sabine Le Névannau, présidente de Concept Geebee, peut en témoigner. «Nous avons essayé de réembaucher notre monde, mais ça n’a pas marché, se désole-t-elle. La PCU, c’était bien au début, mais maintenant elle a des effets pervers.»
«Nous arrivons à répondre à la demande actuellement, mais il faut former les nouveaux employés et produire en même temps. C’est plus compliqué.»
Ces rencontres permettent d’échanger sur les changements concrets que vit le manufacturier depuis le début de la crise de la pandémie et de dégager des recommandations utiles aux entreprises manufacturières pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans la relance économique.
En Estrie, l’accès aux marchés est compromis en raison de la crise. Les stratégies d’approvisionnement publiques ne permettent pas de favoriser et de stimuler la production locale dans le contexte actuel. Les modèles ont changé et le développement d’affaires virtuel représente d’ailleurs un frein pour certaines entreprises dans l’exportation de leurs produits.
On doit pouvoir favoriser l’achat local pour compenser la perte des affaires à l’international, revient Mme Proulx. «On devrait faire comme au Japon», dit-elle.
«Là-bas, le gouvernement a mis en place un fonds pour aider aux entreprises à faire manufacturer leurs produits au Japon au lieu de les faire produire à l’étranger. On pourrait alors créer de la richesse ici et se préparer en vue de la reprise des marchés internationaux.»
Il existe une méconnaissance des programmes gouvernementaux pouvant aider les manufacturiers à innover. Des entreprises manufacturières de la région soulignent la difficulté d’accès aux programmes qui sont présentement disponibles.
« Le secteur manufacturier peut faire une réelle différence pour le retour à la croissance de l’économie québécoise, et ce, à court terme. Le gouvernement doit soutenir nos entreprises dans leurs projets de croissance pour stimuler l’économie locale, et ce, dans toutes les régions », souligne Véronique Proulx.
Par cette tournée, MEQ vise à informer le gouvernement des avenues prometteuses pour soutenir les entreprises à redémarrer leur croissance, bien au-delà de la simple relance économique. Ainsi, MEQ consolidera les résultats de ces rencontres et les communiquera aux acteurs politiques pertinents afin de les aider à agir rapidement.
Le MEQ représente 1100 manufacturiers à travers le Québec. Le secteur manufacturier québécois emploie près de 500 00 de personnes et représente 14 % du PIB ainsi que 89 % des exportations. Il a généré des ventes globales de près de 170 milliards de dollars en 2019.
Source La Tribune- Claude Plante