Plan de soutien à l’économie: une aide qui arrive à point nommé

Un contrôleur routier au Texas.

PHOTO NOMAAN MERCHANT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les mesures annoncées cette semaine par le gouvernement du Québec pour aider les PME québécoises à faire face à la guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump étaient attendues par les entreprises qui se retrouvent dans le feu croisé des tarifs.

« C’est en train de nous tuer ! »

Louise Derail, acheteuse pour le compte du fabricant Outils A. Richard, de Berthierville, connaît un été mouvementé.

« Il faut que je trouve un fournisseur pour remplacer le manufacturier américain d’acier haut carbone qui compose la quasi-totalité de nos outils, dit Mme Derail. Personne n’en produit au Canada, et il y a des délais de fou en Europe : la liste d’attente s’étire jusqu’en janvier. C’est beaucoup trop loin pour nous. »

Les grattoirs, barres à levier et truelles produits par les 180 employés d’Outils A. Richard sont doublement pénalisés par la guerre commerciale que se livrent le Canada et les États-Unis depuis l’imposition par Washington de droits d’importation sur l’acier et l’aluminium.

« Notre matière première est imposée à 25 % lorsqu’on l’importe, et nos produits sont taxés à 25 % lorsqu’on les expédie aux États-Unis. Or c’est impossible de refiler la facture à nos clients comme RONA ou Home Depot. »

Le Plan de soutien à l’économie annoncé mercredi par Québec, qui vise à contrer les effets du conflit commercial déclenché par Donald Trump, arrive donc à point nommé pour les entreprises manufacturières du Québec comme les Outils A. Richard.

« Dix pour cent de notre production est vendue aux États-Unis, dit le directeur de la chaîne d’approvisionnement, Mathieu Massicotte, en plus d’un autre 50 % qui est destiné à notre propriétaire américain, Hyde Tools.

« On vit dans l’incertitude. On suit notre budget prévu cette année, mais il y a beaucoup de questionnement quant à nos coûts pour l’an prochain. »

Plan de soutien

C’est une aide de 863 millions de dollars que le gouvernement Couillard a promise cette semaine aux PME touchées par la flambée protectionniste créée par l’administration Trump.

Québec offre notamment de doubler jusqu’en 2019 le crédit d’impôt à l’investissement, qui peut atteindre 45 % pour les PME situées en zones éloignées, et de l’étendre dorénavant aux entreprises établies dans les régions centrales du Québec.

Aussi, la réduction des cotisations au Fonds des services de santé, annoncée lors du dernier budget provincial, est devancée et devient applicable dès maintenant. Québec estime qu’à elle seule, cette mesure coûtera 260 millions sur cinq ans au Trésor public.

Enfin, le plan de soutien prévoit une aide remboursable pouvant atteindre 75 % des sommes versées en droits de douane, afin d’éviter que les entreprises touchées ne subissent une crise de liquidités.

Ce plan s’ajoute à la somme de 2 milliards de dollars que le fédéral a promise le 29 juin dernier aux entreprises et aux travailleurs canadiens qui risquent de pâtir de cette guerre commerciale.

Mesures de sauvegarde

S’il salue l’aide annoncée par Québec, le fabricant TerraVest, un spécialiste des produits de chauffage qui exploite notamment trois usines dans la province, craint qu’Ottawa ne l’empêche maintenant de se tourner vers des sources moins coûteuses d’acier de haute qualité.

« Certains alliages que l’on utilise dans nos réservoirs de mazout ne sont pas fabriqués au Canada et nous nous approvisionnons exclusivement aux États-Unis, dit Francis Morin, vice-président aux achats et technologies de TerraVest. Nous avons de la difficulté à demeurer concurrentiels dans le contexte actuel puisque nos compétiteurs américains n’ont pas à payer une prime de 25 % sur leur matière première. »

L’entreprise, qui compte plus de 700 employés, songe à se tourner vers un fournisseur d’acier sud-coréen afin de mieux contrôler ses coûts. Or Ottawa évalue l’application de « mesures de sauvegarde », soit d’autres quotas ou surtaxes, pour empêcher l’importation d’acier en provenance d’Asie et protéger les fabricants canadiens.

Le ministre fédéral des Finances Bill Morneau a indiqué mercredi qu’il se donnait 15 jours pour consulter l’industrie canadienne de l’acier à ce sujet.

« Nous faisons des représentations auprès du gouvernement en espérant de ne pas être pénalisés encore plus », dit M. Morin.

L’ALUMINIUM AU QUÉBEC

  • 1500 entreprises
  • 10 000 emplois directs dans la production
  • 20 000 emplois liés à la filière
  • 7 % des exportations internationales de la province

Source : ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation

LA SIDÉRURGIE AU QUÉBEC

  • 3770 emplois directs
  • 29 établissements
  • 1,14 milliard d’exportations (2016)
  • 93 % des exportations des produits d’acier transformé sont destinées aux États-Unis

Sources : Comité sectoriel de main-d’oeuvre de la métallurgie du Québec, KPMG

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