Joël Bellavance- Journal La Presse Affaires
Titre original du journal: ALENA: «Il est impératif» que Trump abandonne ses demandes irrecevables
Les négociateurs des trois pays signataires de l’ALENA doivent reprendre les pourparlers à Mexico pendant six jours de suite, à compter de demain.
À quelque 48 heures de la cinquième ronde de négociations visant à moderniser l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la puissante U.S. Chamber of Commerce presse l’administration Trump d’abandonner certaines de ses demandes jugées irrecevables par le Canada et le Mexique afin d’éviter l’impasse, voire l’échec des négociations.
Les négociateurs des trois pays signataires de l’ALENA doivent reprendre les pourparlers à Mexico pendant six jours de suite, à compter de demain. Ils tenteront d’aplanir les différends qui sont apparus de manière percutante durant la dernière ronde de négociations, après que les autorités américaines eurent fait connaître leurs demandes plus précises, soit l’abolition du chapitre 19 qui concerne le mécanisme de règlement des différends commerciaux, l’imposition de règles d’origine plus sévères pour l’industrie automobile et l’inclusion d’une clause crépusculaire de cinq ans.
Selon le vice-président de la section Americas de la U.S. Chamber of Commerce, Neil Herrington, qui était de passage à Toronto hier, les propositions de l’administration Trump sont carrément indigestes pour le Canada et le Mexique et elles mettent en péril les négociations.
« Il faut que l’administration américaine fasse marche arrière dans le cas de ces propositions qui sont controversées. Cela est impératif, du point de vue des gens d’affaires des États-Unis, que l’administration américaine abandonne ces idées. Nous souhaitons aussi que le président cesse de brandir la menace de retirer les États-Unis de l’ALENA », a déclaré M. Herrington à La Presse au cours d’un entretien téléphonique.
« La majorité des Américains comprennent bien ce que l’ALENA a ajouté à notre économie, notamment la création de 14 millions d’emplois qui dépendent des échanges avec le Canada et le Mexique. Et cela, peu importe le secteur de l’économie américaine. […] De toute évidence, il y a une occasion qui se présente ici de moderniser l’ALENA. La communauté des affaires aux États-Unis appuie cela sans réserve. Mais il faut le faire sans que cela endommage les fondations mêmes de l’accord », a ajouté M. Herrington.
Au cours des dernières semaines, la U.S. Chamber of Commerce a décidé de hausser le ton en exhortant le président des États-Unis, Donald Trump, à négocier un nouvel accord sans mettre un fusil sur la tempe des négociateurs canadiens et mexicains.
Dans un discours prononcé à Mexico le mois dernier, le président de l’organisation, Thomas Donohue, a affirmé que les gens d’affaires ne resteront pas les bras croisés, advenant que le président Trump décide de déchirer l’accord, comme il a menacé de le faire à quelques reprises dans le passé.
« Nous allons nous battre bec et ongles pour protéger et défendre cet accord. » – Thomas Donohue
De passage dans la capitale américaine le mois dernier, le premier ministre Justin Trudeau a admis pour la première fois que le Canada n’avait d’autre choix que de se préparer à un échec des négociations, compte tenu des propos émis par le président Trump.
Tout indique que la cinquième ronde de négociations qui s’ouvre demain à Mexico sera la plus difficile jusqu’ici. Les États-Unis et le Mexique ont fait savoir qu’ils veulent conclure ces négociations au plus tard en février ou mars 2018, en raison des élections américaines de mi-mandat en novembre et de l’élection présidentielle mexicaine en juillet. En coulisse, les négociateurs canadiens estiment qu’il sera difficile de respecter cet échéancier serré.
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En entrevue, Neil Herrington, de la U.S. Chamber of Commerce, a affirmé que les gens d’affaires aux États-Unis commencent aussi à évaluer les conséquences d’un possible échec des négociations, soulignant que les propositions formulées par l’administration Trump durant la quatrième ronde de négociations ont semé le doute quant à la bonne foi du président américain dans ce dossier.
« Oui, le milieu des affaires est en train d’évaluer à quoi pourrait ressembler le commerce sans l’ALENA. On demeure convaincus que la raison va l’emporter, et les chiffres démontrant les retombées positives de l’ALENA pour les États-Unis auront leur effet. Mais certainement, les gens d’affaires vous diraient qu’il serait imprudent de ne pas jauger les effets de l’après-ALENA », a-t-il dit.
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