Le gouvernement vient en aide à deux domaines où la pénurie de travailleurs fait très mal en Estrie. Un soutien de près de 5,2 millions de dollars pour la formation en alternance travail-études de 278 travailleurs, dont 94 en Estrie, dans les secteurs de la fabrication métallique industrielle et de l’automobile, a été annoncé lundi à Sherbrooke par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.
Les professions visées par ces projets, comme peintre industriel, poseur de tôlerie de précision et mécanicien automobile, font partie de celles pour lesquelles les entreprises ont le plus de difficulté à recruter du personnel qualifié. Les formations se dérouleront dans plusieurs régions du Québec, dont l’Estrie, où seront formées 94 personnes.
Un des projets prévoit la formation de 38 travailleurs en peinture industrielle en Estrie, où la demande pour cette profession est particulièrement élevée. D’ailleurs 16 entreprises estriennes participeront au projet. Offerte par la Commission scolaire des Sommets, la formation se déroulera autant au centre de formation professionnelle qu’en entreprise au cours d’un stage, et les participants obtiendront une attestation d’études professionnelles (AEP).
« Ça va avoir un impact pratique, signale Jean Boulet. L’adéquation entre la formation et les besoins concrets du marché du travail est un défi constant. Ça nous apparaît être incontournable pour relever la problématique de la rareté de main-d’œuvre. L’argent va servir à la formation, au soutien des entreprises et des salariés qui vont bénéficier de la formation. »
Ouvrir les horizons
De passage à Sherbrooke, le ministre Jean Boulet a indiqué que l’Estrie faisait face à une situation particulièrement difficile en lien avec la pénurie de main-d’œuvre.
« Il y a 3,2 % des postes qui sont vacants en Estrie, souligne-t-il. Il y a une belle croissance économique, mais le taux de chômage est le deuxième plus bas au Québec à 3,5 %. Ça crée une pression sur la rareté de la main-d’œuvre. »
Jean Boulet admet que le problème ne pourra pas être réglé du jour au lendemain, mais il estime qu’il faut « miser sur les bassins de population qui sont sous-représentés sur le marché du travail comme les immigrants, les travailleurs étrangers temporaires, les travailleurs expérimentés, les personnes autochtones, les travailleurs handicapés, les femmes et les jeunes ».
Dans le cadre d’un projet pilote, 28 agents d’intégration seront embauchés au Québec par l’intermédiaire des organismes spécialisés membres du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées. M. Boulet admet toutefois que les entreprises auront leur bout de chemin à faire.
« Ça joue dans les deux sens, j’ai demandé aux agents de faire leur travail d’accompagnement auprès des entreprises également, souligne-t-il. Il y a de la pédagogie à faire. Ce sont des personnes qui peuvent être extrêmement bénéfiques pour les entreprises. C’est gagnant-gagnant. Pour la société en général, on s’enrichit à s’ouvrir aux personnes handicapées. »
M. Boulet a finalement réagi à la problématique de la fiabilité douteuse de certains employés soulevée entre autres dans les pages de La Tribune par la copropriétaire du bar Liverpool et vice-présidente de l’Association des gens d’affaires du centre-ville de Sherbrooke, Annie Faucher.
« Est-ce que c’est un phénomène qui s’est exacerbé en raison de la rareté de la main-d’œuvre? Peut-être, mentionne le ministre. Mais il faut que les employeurs soient attentifs et qu’ils fassent leur processus de vérification préalable aux entrevues. On a des conseillers qui peuvent les aider à bien s’assurer que leur processus de recrutement soit structuré de façon à éviter le plus possible cette problématique. »