Une belle grande entrevue d’un de nos membres, BRP, réalisée par Jean-Philippe Décary de La Presse et que nous conserverons ici dans notre HUB DE NOUVELLES en ce 29 septembre 2020 mais vous pouvez lire l’article COMPLET ICI SUR CE LIEN.
(PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE)
(Valcourt) Si la deuxième vague d’épidémie de coronavirus revient compliquer la vie à bien du monde, ce n’est pas tout à fait le cas du fabricant de véhicules récréatifs BRP. « Il y a des entreprises qui sont tombées du mauvais côté de la COVID, nous, on est tombés du bon côté », résume sans triomphalisme son PDG José Boisjoli, dont l’entreprise est en rupture de stock pour tous ses produits alors que ses usines localisées dans cinq pays fonctionnent à 110 % de leur capacité de production.
Q. Vous avez enregistré une hausse importante de 40 % des ventes de vos produits à votre deuxième trimestre terminé le 31 juillet alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire sans précédent. Comment expliquez-vous un tel engouement pour les véhicules récréatifs en cette période de pandémie ?
R. On a été surpris par les chiffres, mais quand on regarde la situation de trois industries importantes, celles du transport aérien, des croisières et des parcs d’attractions, on constate que les revenus de 320 milliards qu’elles ont générés en 2019 ne seront que de 120 milliards en 2020.
On a donc profité en partie des 200 milliards de fonds qui ont été rendus disponibles et qui ont été réinvestis en dépenses de rénovations, d’achat de piscines et de véhicules récréatifs.
On fabrique beaucoup de véhicules hors route, et ce sont des produits qui cadrent parfaitement avec les consignes de distanciation physique et de vacances à la maison qui sont prescrites par les autorités publiques.
Q. Vous avez dû quand même cesser toutes vos activités manufacturières durant les deux mois de confinement obligatoire en avril et en mai. Cela a dû nuire à vos approvisionnements ?
R. Oui, ces deux mois ont été difficiles, d’autant que tous les concessionnaires qui vendent nos produits étaient fermés eux aussi. C’est pourquoi on a eu un mauvais premier trimestre. On a dû cesser les activités dans nos 12 usines au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Autriche et mettre à pied temporairement nos 13 500 employés.
Lorsque les ventes ont repris, on s’est rapidement retrouvés en rupture de stock de VTT et de véhicules côte à côte, et dès le mois de juillet, les ventes de motomarines se sont mises à exploser.
L’arrêt de production à nos usines et les fortes ventes de l’été ont fait chuter de 51 % les inventaires de nos concessionnaires et de 40 % nos propres inventaires. Là, on travaille à les rebâtir.
Q. Est-ce que la production de motos à trois roues et celle de motoneiges dans votre usine de Valcourt ont été révisées à la hausse ?
R. Les ventes de nos motos Can-Am ont été affectées par la fermeture des écoles de conduite jusqu’au mois de juin, les gens ne pouvaient pas les acheter. Mais depuis juillet, avec l’ajout de notre nouveau modèle d’entrée de gamme Ryker, on enregistre une hausse de 100 % de nos ventes de trois-roues.
On a commencé la production de motoneiges en mai et normalement, on la termine au début du mois de décembre. Même s’il nous reste des stocks de 2020, parce que les sentiers publics ont été fermés le 15 mars, on a augmenté la cadence de production en ajoutant une journée par semaine et une heure de production à chacun des deux quarts de travail.
Plutôt que de terminer au début de décembre, on va fabriquer des motoneiges à plein rendement jusqu’à la fin de décembre et peut-être prolonger durant les deux premières semaines de janvier prochain.
Habituellement, on fonctionne à 80-90 % de nos capacités de production. Là, on opère à 110 % de nos capacités dans toutes nos usines dans le monde.
Depuis le début de la pandémie, en mars, on a dû faire pas moins de 100 scénarios de production. On n’arrête pas de s’ajuster.
Q. Est-ce que tous vos 13 500 employés ont été rappelés ?
R. Oui, on a rappelé tout le monde. Il y a 20 ans, BRP employait au Québec 3000 travailleurs, c’est le même nombre aujourd’hui. Sauf qu’on a moins d’employés à l’usine, soit 1100 travailleurs permanents et plus de 500 employés additionnels pour la production des motoneiges. Mais notre service d’ingénierie emploie à lui seul 750 personnes à Valcourt.
Q. On disait cet été que tout ce qui va sur l’eau était vendu, tellement les gens ont voulu profiter de leurs vacances au Québec. Vous avez pourtant annoncé cet été la fin de la production des moteurs de bateaux Evinrude. Pourquoi ?
R. C’est une longue histoire, mais le marché pour ces moteurs ne cessait de se réduire. Ce sont des moteurs de remplacement pour des embarcations existantes. Il fallait réduire nos dépenses, et c’est pourquoi on a interrompu la fabrication de moteurs Evinrude.
On a plutôt décidé de créer une nouvelle famille de moteurs et de miser sur les trois entreprises de fabrication de bateaux qu’on a acquises depuis deux ans. On va fabriquer des petits bateaux de pêche en aluminium et des pontons à nos usines aux États-Unis et en Australie.
Q. Votre titre boursier, qui est passé d’un sommet de 75 $ en février à 18 $ au mois d’avril, est revenu à près de 70 $ aujourd’hui. Les investisseurs n’ont pas été insensibles au redressement que vous avez réalisé ?
R. Absolument, les gens ont réalisé qu’on était une industrie privilégiée dans le contexte d’un évènement dramatique comme celui de la COVID-19. On va terminer l’année avec des revenus légèrement inférieurs à l’an dernier, mais avec une profitabilité qui va varier entre – 5 % et + 3 %.
Avant la pandémie, nos ventes affichaient un bel élan, tout comme nos concessionnaires. Là, on fait le plein de nouveaux clients qu’il va falloir fidéliser avec nos différents produits au cours des trois prochaines années.
Q. Est-ce que vous prévoyez offrir bientôt des véhicules qui seront propulsés par des moteurs électriques ?
R. On travaille activement depuis l’an dernier à mettre au point notre propre plateforme technologique électrique qui va servir pour tous nos produits. On a créé une équipe conjointe de développement à Valcourt et en Autriche qui devrait arriver avec un moteur électrique compact d’ici trois à cinq ans. Il faut qu’on le développe nous-mêmes pour avoir une solution à prix raisonnable pour nos clients.
Merci pour cette grande entrevue à Jean-Philippe Décarie de LA PRESSE (ARTICLE COMPLET ICI)