Danielle Lafond, Présidente de LABPLAS
source: Nathalie Côté, La Presse+
Les entreprises manufacturières auront besoin de tous les talents disponibles pour prendre le virage 4.0 et contrer la pénurie de main-d’œuvre. Cette industrie traditionnellement masculine cherche donc à attirer davantage de femmes.
L’époque où les femmes devaient pratiquement cacher leur grossesse et peinaient à se faire prendre au sérieux par les investisseurs et les clients potentiels est bien révolue. C’est le constat de Danielle Lafond, présidente de Labplas, dans l’industrie depuis une trentaine d’années. « Un peu plus de la moitié de mes employés sont des femmes et notre comité de direction est paritaire, note-t-elle. Par contre, il y a peu de femmes dans certains secteurs comme la mécanique et la recherche et développement. »
« Au Québec, trois employés sur dix dans le secteur manufacturier sont des femmes. Si on enlève toutes celles œuvrant dans l’administration, le ratio est encore plus faible. »
— Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec
La proportion de femmes dans l’industrie manufacturière québécoise est semblable à celle observée ailleurs dans le monde. D’ailleurs, différentes initiatives sont nées pour en attirer davantage. « En Allemagne, par exemple, ils ont créé le mouvement WoMen Power, souligne Lyne Dubois, vice-présidente Développement des affaires au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Une journée est consacrée au recrutement de travailleuses et les écoles viennent présenter leurs programmes d’études. Aux États-Unis, ils ont créé le programme Women in Manufacturing USA. Il fait la promotion de l’insertion des femmes dans l’industrie manufacturière. »
DES INITIATIVES QUÉBÉCOISES
Au Québec, le projet Femmes 4.0 vise à rendre l’industrie plus attrayante auprès des femmes. Il a notamment pour but de réunir les initiatives existantes, de dénicher des ambassadrices pour qu’elles parlent de leur expérience et d’attirer les diplômées vers le secteur manufacturier.
Investissement Québec a aussi lancé récemment une campagne afin d’attirer les jeunes, et tout particulièrement les filles, dans l’industrie manufacturière. « Nous sommes allés trouver les jeunes là où ils sont, sur les médias sociaux, et nous avons fait appel à quatre influenceurs, dont deux femmes, souligne Sylvie Pinsonnault, vice-présidente initiatives stratégiques et conseils. Nous avons aussi fait des vidéos. De plus, dans notre tournée régionale pour sensibiliser les entrepreneurs au virage numérique, nous mettons toujours une femme à l’avant-scène. »
Mme Dubois se dit convaincue qu’une plus grande présence féminine sera bénéfique pour tous dans l’industrie.
« Des études ont démontré que la diversité des genres est bonne pour les entreprises. Cela entraîne davantage d’innovation, de meilleurs résultats financiers, et tant les hommes que les femmes bénéficient de plus de mesures de conciliation travail-famille. »
— Lyne Dubois, vice-présidente Développement des affaires au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ)
De plus, le virage vers le manufacturier 4.0 proposera de bonnes occasions aux femmes dans le domaine. « Ce sont de bons emplois et ils ouvrent une porte vers l’inconnu, la nouveauté et l’émergence de possibilités extraordinaires, indique Mme Lafond. L’intelligence artificielle, c’est une infinité de possibilités. C’est tellement loin de la routine, on peut révolutionner les façons de faire et créer des solutions ! »