L’automatisation n’est pas la seule réponse à la pénurie de main-d’oeuvre

LE DEVOIR- Gérard Dubé

Photo: iStock

La révolution technologique en cours se vit en parallèle au choc démographique que doit affronter le Québec. Quelque 1,4 million de postes seront touchés d’ici 2030.

L’automatisation ne compensera pas la rareté grandissante de la main-d’oeuvre. Au contraire, cette révolution technologique en cours se vit en parallèle au choc démographique que doit affronter le Québec. Quelque 1,4 million de postes seront touchés d’ici 2030.

L’Institut du Québec (IdQ) a publié un rapport de 48 pages sur l’automatisation et les nouveaux modèles d’affaires du type Uber et Airbnb et leur impact potentiel sur le Québec. Il a été réalisé par le « géo-économiste et prospectiviste » Éric Noël et propose une dizaine de pistes de solutions. Pour l’auteur, robotisation et intelligence artificielle provoqueront leur lot de chômeurs technologiques et soulèveront un problème criant d’employabilité, nécessitant augmentation des cotisations et des prestations des programmes d’assistance financière et recentrage des programmes d’enseignement vers « une éducation pragmatique », souligne l’auteur.

« C’est une stratégie d’évolution plutôt que de défense des emplois face aux technologies qui permettra la transition la plus heureuse, notamment si elle se synchronise avec l’accélération québécoise des départs à la retraite », peut-on lire dans le document.

D’entrée de jeu, il est rappelé qu’un million de travailleurs auront pris leur retraite entre 2015 et 2024. « En 2030, il y aura 140 000 travailleurs de moins et 630 000 retraités de plus. » Mais à cette réalité démographique vient se greffer la montée de l’automatisation, qui pourrait provoquer « l’élimination, la réduction et la réaffectation partielle ou totale de 1,4 million de postes au Québec d’ici 2030 ». Ainsi, le prochain rapport des inégalités n’opposera plus mieux et moins bien nantis, mais plutôt ceux qui peuvent et ne peuvent pas travailler.

Le rapport de l’IdQ rappelle que, pour le Canada, l’OCDE évalue le risque d’automatisation presque complète à 9,2 % des emplois, tandis que 23,5 % risquent de connaître de grands changements, pour un cumul de 32,7 %.

« Selon le Brookfield Institute de Toronto, 42 % des travailleurs canadiens sont très menacés par l’automatisation dans les 10 ou 20 prochaines années, tandis que 36 % seraient à faible risque, plaçant les employés du commerce de détail et de soutien administratif à un extrême et les éducateurs et enseignants du primaire à l’autre.

Brookfield avance des données similaires pour le Québec, ce qui voudrait dire que 1,73 million d’emplois québécois seraient touchés par la numérisation et la robotisation. »

La semaine dernière, l’Institut C. D. Howe estimait que 45,6 % des emplois au Québec sont exposés à l’automatisation et que 34 % risquent d’en être victimes. Ces proportions sont similaires à l’échelle canadienne, avec 45,1 % et 33,5 % respectivement.

L’on cible le secteur des services et tout métier impliquant des tâches répétitives. À l’opposé, les métiers nécessitant un travail (manuel ou cognitif) non routinier seront un peu plus à l’abri des robots et des logiciels intelligents. « Ce genre de tâches et d’aptitudes est déjà fort présent dans 30 % des emplois au Québec », souligne l’IdQ.

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