Au cours des derniers jours, plusieurs médias ont souligné que le Canada se préparait en fonction d’un éventuel retrait des États-Unis. La prochaine séance de pourparlers – la sixième du genre – entre les trois pays impliqués, soit le Canada, les États-Unis et le Mexique, est prévue pour la fin du mois de janvier. Les trois parties se sont donnés jusqu’au mois de mars pour trouver un terrain d’entente. Sans quoi, le président Donald Trump pourrait effacer le nom de son pays du document.
Pour la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, il serait fort surprenant que nos voisins du sud mettent un terme à cet accord économique. Elle doute aussi de la possibilité de mettre en application cette décision dans un délai à court terme.
«Partout où nous allons, il est présentement question de l’ALENA», concède Mme Anglade, en entrevue de Las Vegas où elle a participé au Consumer Electronics Show.
«Il y a toutefois une différence. Il y a huit mois, nous voulions être sur le terrain pour expliquer aux gens l’importance de l’Accord. Maintenant, nous n’avons plus besoin de faire de la sensibilisation. Chaque fois que nous rencontrons une personne, elle est d’accord avec notre position», poursuit-elle.
Une possibilité
Malgré tout, Mme Anglade concède ne pas pouvoir écarter du scénario un retrait des États-Unis. Elle souligne qu’il s’agirait «d’un processus très complexe».
«De notre côté, ce que nous voulons, c’est avoir une entente négociée, mais nous nous préparons à toutes les éventualités. Nous avons fait analyser les secteurs d’activités québécois, item par item, pour avoir une idée de l’impact réel s’il y avait un retrait», note la ministre, précisant qu’il ne faudrait pas que les travailleurs soient les perdants «d’une [telle] attaque frontale américaine». «La réalité, c’est que pour la majeure partie de ce que nous avons comme échanges avec les États-Unis, les impacts seraient moindres. Il y a des secteurs comme le textile et les camions qui pourraient être particulièrement touchés», poursuit-elle.
Selon l’analyse de son ministère, qui portait sur les 200 principaux produits exportés par le Québec, «plus de 50 % de ces produits pourraient entrer en franchise de droits aux États-Unis, environ 80 % auraient un tarif de 5 % et moins [incluant ceux en franchise] et seulement 5 des 200 principaux produits devraient composer avec un tarif de 10 % ou plus».
Les produits et les secteurs plus vulnérables sont les camions à moteur diesel, les confiseries à base de chocolat et le textile.
«Ce qu’il est important de faire pour nous, c’est d’avoir un plan de match pour être prêt à réagir dans les secteurs les plus touchés et pour soutenir notre industrie comme on le fait pour le bois d’œuvre», affirme Mme Anglade, qui préconise une approche «assez ferme» avec les États-Unis dans le cadre des discussions. Elle salue d’ailleurs la position du Canada dans ce dossier.
«Au Québec, nous avons eu le bois d’œuvre, le papier non couché [papier journal] et l’aérospatial. À un certain moment, c’est assez!», conclut-elle.
Au moins trois contrats à Las Vegas
Ce qui se passe à Las Vegas, reste à Las Vegas. Ce dicton ne s’applique pas dans le cadre du Consumer Electronics Show.
«À ma connaissance, au moins trois ententes se sont concrétisées [pour des entreprises du Québec]», indique la ministre de l’Économie, Dominique Anglade. Elle préfère toutefois laisser ces compagnies dévoiler leurs récoltes.
Il s’agissait d’une première participation pour le gouvernement provincial à cet événement. Il était accompagné d’une cinquantaine d’entreprises, dont six de la région de Québec. Vooban, Frima, OVA, Cortex, LeddarTech et Phantom Intelligence.
«Il y avait 180 000 personnes. C’est un potentiel de développement économique assez spectaculaire», dit Mme Anglade. «Il y a beaucoup de places à prendre ici pour que le Québec se démarque. Concrètement, cela a permis aux entreprises de développer des contacts, de nouveaux clients, de trouver des investisseurs et des fournisseurs. Cela nous permet aussi de vendre ce qui se passe au Québec», conclut-elle.
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