FAIRE FACE À LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
signé Jean-Philippe Décarie- 18 avril 2016 – La Presse.ca
La décision d’Investissement Québec d’investir massivement dans les PME manufacturières est non seulement fort louable, elle est aussi surtout très opportune.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Ce n’est pas tant une nouvelle politique de développement économique que le gouvernement québécois a dévoilée jeudi à Québec, parce qu’il n’y pas grand-chose de nouveau dans le plan qui a été présenté. C’est le plan stratégique d’Investissement Québec (IQ) – le véritable maître d’oeuvre de l’exécution de la politique économique québécoise – qui innove en décidant de prioriser ses interventions dans le secteur manufacturier auprès des PME qui vont investir pour optimiser leurs opérations.
La nouvelle stratégie de la ministre du Développement économique, Dominique Anglade, se résume en effet à une longue énumération des enjeux économiques qui pointent à l’horizon et une série d’actions que son ministère entend prendre pour faciliter la vie des entreprises.
C’est plein de bonne volonté mais le tout relève davantage de la rhétorique que d’une véritable planification stratégique qui identifie et cible des résultats atteignables.
Le plan stratégique d’IQ, dévoilé jeudi, est pour sa part beaucoup plus costaud puisque la banque d’affaires du gouvernement entend investir 1 milliard dans le secteur manufacturier au cours des quatre prochaines années.
IQ a résolument décidé d’attaquer de front la 4e révolution industrielle en voulant convaincre les PME manufacturières d’investir dans l’automatisation de leur production, d’introduire l’innovation dans tous les processus d’affaires et de favoriser la numérisation des systèmes manufacturiers.
À cet égard, la décision d’IQ d’investir massivement dans les PME manufacturières est non seulement fort louable, elle est aussi surtout très opportune.
Le secteur manufacturier québécois a été particulièrement malmené au cours des 15 dernières années. En 2000, les entreprises de ce secteur généraient 20 % du produit intérieur brut québécois alors qu’elles représentent aujourd’hui moins de 14 % de notre PIB.
L’arrivée de compétiteurs chinois et le déclin de nos exportations aux Etats-Unis ont fait mal à quantité d’entreprises, notamment dans le secteur forestier.
Un secteur manufacturier en santé est le gage d’une économie forte. C’est ce qui explique entre autre le dynamisme des économies de l’Allemagne, du Japon ou de la Suède dont les entreprises de ce secteur représentent plus de 20 % de leur PIB.
En produisant davantage et à moindre coût, nos entreprises manufacturières vont pouvoir exporter davantage et hausser la contribution importante de cette activité économique qui représente aujourd’hui 45 % de notre PIB alors que le poids des exportations devrait, idéalement, excéder les 55 % de notre produit intérieur brut.
« Pour rattraper l’Ontario au chapitre des exportations, il faudrait ajouter au Québec 600 PME exportatrices. On est loin du compte », m’a souligné jeudi, Éric Tétrault, le PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec.
Ce dernier accueille d’ailleurs très favorablement le nouveau positionnement d’IQ qui se met en place au moment même où de nouveaux accords de libre-échange avec l’Europe et l’Asie vont prendre forme.
APPUYER LA PRODUCTION ET L’EXPORTATION
Le plan stratégique d’IQ veut donc soutenir financièrement les manufacturiers pour qu’ils modernisent leurs opérations de façon à pouvoir exporter davantage.
« Et on va les supporter dans leurs démarches pour conquérir des nouveaux marchés. Investissement Québec a 12 bureaux à travers le monde où on s’activait surtout à faire du démarchage pour amener des entreprises étrangères à s’implanter au Québec.
« On va se servir de nos bureaux dans le monde pour trouver des débouchés pour nos entreprises exportatrices. On le faisait déjà mais là le mandat est clair », m’a expliqué, jeudi, Pierre-Gabriel Côté, le PDG d’IQ.
Pierre-Gabriel Côté précise par ailleurs que le virage innovation d’Investissement Québec ne signifie pas pour autant l’abandon des activités d’investissements traditionnelles.
IQ va continuer de contribuer au montage financier de grands projets industriels, comme ceux de la cimenterie McInnis, en Gaspésie, le financement de la CSeries de Bombardier ou encore la modernisation de l’usine Goodyear à Joliette.
« On fait ces investissements à même l’enveloppement de développement économique qui relève du ministère de l’Économie. Nos investissements dans les PME manufacturières vont être financés à même nos fonds propres », précise le PDG d’IQ.
source: Jean-Philippe Décarie-Lapresse.ca