Quelle sera la stratégie du nouveau ministre de la diversification des exportations, Jim Carr?

COMMENT DIVERSIFIER SES EXPORTATIONS À L’ÈRE TRUMP

En cette ère de tensions commerciales avec les États-Unis, le gouvernement Trudeau veut diversifier les exportations canadiennes, qui vont à 76% au pays de l’Oncle Sam. Cette semaine, Ottawa a même renommé le ministre du Commerce international pour le ministre de la Diversification du commerce international. Quels sont les défis du nouveau ministre Jim Carr ?

DÉJÀ EN MARCHE

« [La diversification des exportations] est déjà en train de se produire », dit Peter Hall, vice-président et économiste en chef d’Exportation et développement Canada (EDC), un organisme de crédit à l’exportation. Les États-Unis sont toujours de loin le premier partenaire commercial du Canada, mais leur part des exportations canadiennes est passée de 87 % en 1999 à 76 % en 2017. La diversification des exportations a été particulièrement perceptible au Québec (de 85 % à 71 % pour les États-Unis). Selon Peter Hall, la diminution de la part des États-Unis s’explique surtout par la montée des pays émergents, dont les parts des exportations canadiennes sont passées d’environ 5 % en 2000 à 13 % aujourd’hui.

L’ONCLE SAM RESTERA NUMÉRO UN

« Il ne faut pas se leurrer : les États-Unis vont toujours être notre plus important partenaire commercial, dit Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. La raison est simple : la géographie. Les frais de transport font en sorte qu’il est plus coûteux d’exporter en Europe ou en Asie qu’aux États-Unis. » M. Durocher estime toutefois que d’ici 10 ou 15 ans, le Canada diminuera encore la proportion américaine de ses exportations. « Soixante-quinze pour cent, c’est encore élevé comme proportion, dit-il. On est sûrement capables de faire mieux. » « On peut imaginer que ça diminuera de quelques points de pourcentage », ajoute Ari Van Assche, directeur du département d’affaires internationales de HEC Montréal.

42 %

Environ 42 % des exportations canadiennes aux États-Unis sont attribuables au secteur du pétrole (24 %) et à celui de l’industrie automobile (18 %). Deux secteurs où les experts entrevoient peu de changement. « Le secteur automobile est déjà très intégré [entre les deux pays] », dit Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins. « C’est très difficile de mettre notre pétrole dans les bateaux pour le vendre ailleurs [qu’aux États-Unis] », dit Ari Van Assche, directeur du département d’affaires internationales de HEC Montréal. Ces deux secteurs touchent toutefois peu les exportateurs québécois.

ET TRUMP ?

Avec ses attaques commerciales contre le Canada, l’administration Trump est-elle le facteur le plus important qui pousse les entreprises canadiennes à diversifier leurs exportations ? Krzysztof Pelc, professeur de sciences politiques à l’Université McGill, croit que oui. « Si le Canada se diversifie davantage, ce sera beaucoup plus à cause des actions américaines [que des actions du gouvernement Trudeau], indique le professeur Pelc. Les exportateurs canadiens pourraient vouloir se tourner vers des marchés plus stables. » « Quand vous avez tous vos œufs dans le même panier et que ce panier qui était naguère très sûr commence à avoir quelques trous, c’est dans l’intérêt du secteur privé de se diversifier, dit Peter Hall, économiste en chef d’EDC. Mais quand on a fait un sondage auprès des exportateurs, ils nous disent que c’est la demande pour leurs produits qui les poussent à se diversifier. L’administration Trump n’est même pas citée comme raison. »

DES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE

Et maintenant, que peut faire Ottawa ? Il a déjà ratifié l’accord de libre-échange avec l’Europe, et il a signé l’accord de Partenariat transpacifique en mars sans les États-Unis. « Ce sont deux gros morceaux, c’est maintenant entre les mains des entreprises d’essayer de diversifier leurs exportations », dit Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. Le Partenariat transpacifique, qui doit être ratifié par Ottawa, ouvre notamment les portes du Japon. « Pour les producteurs de viande, avoir accès au marché japonais est un grand pas en avant », dit Peter Hall, économiste en chef à EDC.

DISCUTER AVEC LA CHINE

À long terme, le principal défi du gouvernement fédéral en matière de commerce international sera de négocier un accord de libre-échange avec la Chine, le deuxième partenaire commercial du Canada. Le gouvernement Trudeau a des « discussions exploratoires » avec la Chine depuis deux ans, mais il y a trop de divergences actuellement pour commencer officiellement les négociations. La Chine n’a pas d’accord de libre-échange avec un pays du G7. « La Chine est le plus grand de nos partenaires avec lesquels nous n’avons pas d’accord de libre-échange », dit Ari Van Assche, directeur du département d’affaires internationales de HEC Montréal.

JOUER LES INTERMÉDIAIRES

Avec les deux nouveaux accords de libre-échange (Europe et Partenariat transpacifique), Ottawa doit plus que jamais jouer les intermédiaires pour les entreprises canadiennes par le truchement de ses 160 délégations commerciales à travers le monde. Ce sera l’un des principaux mandats du nouveau ministre Jim Carr. Le professeur Ari Van Assche suggère aussi de porter une attention particulière aux pays africains, même si Ottawa n’a pas d’accord de libre-échange avec eux.

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